

La figure de l'homme qui marche est un motif récurrent de l'histoire de l'art. Le tableau de Giuseppe Pelizza Quarto Stato en offre une version intéressante, sous la forme d'une marche collective dont les personnages s'avancent, l'air décidé, vers le spectateur. Le thème du tableau est une grève de travailleurs, thème classique amplement traité chez les peintres réalistes européen vers la fin du XIXème siècle.
Nourri de lectures marxistes et de l'héritage de la révolution de 1789, Pelizza se distingue toutefois de ses congénères en ce qu'il évite deux poncifs de la représentation des masses laborieuses : soit la description brutale et crue de la misère, soit la mise en scène de l'agitation violente et excitée. A la place on observe ici la représentation d'une sorte de "force tranquille", la progression irrépressible d'hommes et de femmes certains de la victoire.
Affiche Dolce Gabbana
Giuseppe Pelizza, Quarto Stato (1901), Pinacothèque de Brera, Milan.
Dolce Gabbana reprend ce thème de la marche en avant inéluctable, mais inverse radicalement (et ironiquement) le sens de l'image. Ce ne sont plus des travailleurs qui incarnent la révolution mais des jeunes hommes hyper-chics qui s'avancent l'air tranquille et décidé vers le spectateur, comme s'ils étaient des militants d'une nouvelle aristocratie, sûre de son bon droit.
Cette vision positive et conquérante de l'image n'est d'ailleurs pas la seule possible. Le groupe d'homme en marche revêtus de costumes cintrés rappelle également le thème des voyous et des blousons noirs, surtout dans le contexte urbain et nocturne. De sorte qu'on ne sait pas si la marque propose la vision d'un homme conquérant situé aux avants portes de la mode moderne, ou des loubards chics subtilement subversifs. Sans doute un peu des deux.
Affiche Dolce Gabbana
Giuseppe Pelizza, Quarto Stato (1901), Pinacothèque de Brera, Milan.