Monday, May 10, 2010

Naissance de Vénus par Dior J'adore


Dior revisite le mythe de la naissance de Vénus / Aphrodite starring Charlize Theron. Bientôt un post plus détaillé car il y a beaucoup à dire.













La dernière campagne Dior pour le parfum J'Adore s'inscritdans la tradition de la représentation classique de la déesse grecque Aphrodite, dont la légende raconte qu'elle fut enfantée par l'écume de la mer et portée jusqu'au rivage par une conque. Charlize Théron n'a pas de mal à se glisser dans la peau de cette Aphrodite moderne et marche vers le spectateur comme si elle allait sortir de l'eau. Sa robe façon écaille ou coquillage suggère qu'elle est une sorte de sirène moderne, ce qui peut éventuellement introduire un léger glissement dans le mythe, mais à la marge.













Le visuel Dior ajoute surtout à la représentation classique de la scène le mouvement qui lui fait souvent défaut car la plupart des images d'Aphrodite comme celles présentées ici paraissent étonnement statiques. La déesse est portée par l'écume, poussée par le vent, posée sur le rivage mais semble passive et se meut rarement d'elle-même. Le mannequin de Dior s'avance en marchant, ce qui est déjà une nouveauté.

Le visuel Dior retranche la plupart des éléments adjacents - et parasitaires - de la représentation classique : pas d'angelots, pas d'oiseaux, pas d'autres déesses ou nymphes accompagnant la divine apparition qui viendraient disperser le regard. Même les cheveux longs ont été coupés. Il n'y a même pas de rivage : le spectateur n'est pas forcément situé hors de l'eau, il peut tout aussi bien être immergé jusqu'aux genoux. L'image se concentre sur l'essentiel et se focalise uniquement sur la progression irrésistible de la jeune femme - qui l'est aussi - vers nous. Ce processus d'épure est certainement conforme à l'idée d'Absolu au coeur du message. La naissance de Vénus a lieu de nuit, ce qui tranche là encore avec les ambiances diurnes où la scène se passe habituellement. Une façon peut-être de connoter le luxe, de mettre en valeur la brillance de l'or mais aussi peut-être d'encoder le processus alchimique du noir à l'or.









Le visuel réorganise enfin un certain nombre de motifs issus de la mythologie Dior. Les premières publicités pour le parfum montraient une femme (Carmen Kaas) plonger dans une piscine d'or et s'immerger dans le précieux liquide en guise d'ablution rituelle. Le spot le plus célèbre de Charlize Théron pour Dior la montrait en train de se déshabiller dans un luxueux appartement : elle commençait par s'avancer pour enlever ses bijoux et sa robe et ne garder que son parfum (référence énorme à Marilyn Monroe qui ne portait qu'un peu de... Chanel n°5, le principal concurrent) avant de s'éloigner dans l'ombre de l'appartement. Ces motifs de l'immersion et du dépouillement ont laissé place à une dynamique de l'apparition de la femme et son éblouissement en direction du spectateur directement pris à partie. Une forme plus simple, plus directe, moins sophistiquée, moins mystique, mais peut-être plus efficace. A voir.

Publicité pour le parfum J'Adore de Dior
Jean-Léon Gerôme, La Naissance de Vénus, ( 1879 ? voir ici un bel article par A. Korkos)
Arnold Böcklin, La Naissance d'Aphrodite, 1868
Amaury Duval, La Naissance de Vénus, 1862
Botticelli, La Naissance de Vénus, 1485
Alexandre Cabanel, La Naissance de Vénus, 1863

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