
Cette Affiche de la campagne Dior est d'abord un hommage direct à Erwin Blumenfeld, photographe de mode américain (1897 - 1969) avec ces photos publiés dans Vogue (1939), Model On Eiffel Tower et reproduites sous forme de cartes postales.

Dans l'affiche Dior, il y a d'abord le regard : un peu inquiet, porté sur un objet hors-champ. Il y a aussi le dos : un peu voûté, le corps penché en avant et la tête inclinée comme si le personnage regardait quelque chose légèrement par en dessous, ou venait de passer le seuil d'une porte imaginaire. Il y a surtout la torsion du corps : orienté vers la gauche (buste, jambe gauche) mais comme arrêté dans sa course, amorçant un retournement vers la droite (tête, bras). Tout indique un mouvement suspendu, ce qui correspond finalement assez bien au décor aérien de la tour Eiffel.
Plusieurs mouvements se superposent dans l'image. Il y a d'abord l'arc de cercle formé par la courbe de la lettre "D" qui semble se propager vers la droite comme une onde radio.

Plusieurs torsions affectent le corps de l'égérie, depuis l'inclination et le retournement de la tête, du buste, le déhanchement, le pli du genou et de la cheville. Le corps est traversé par une ligne serpentine verticale, née d'une tension corporelle qui rompt avec les canons de l'équilibre classique. On se doute que le personnage ne tiendra pas longtemps dans cette position inconfortable, peu naturelle, et qu'il lui faudra choisir de s'éloigner ou de se rapprocher de l'armature métallique contre laquelle elle s'appuie.

Ce thème du mouvement contrarié ou du retournement se retrouve en maints tableaux de l'école maniériste (Giulio Romano, la Circoncision, où les colonnes torses accentuent le dynamisme de la jeune femme du premier plan), mais également chez David, Les sabines et le personnage en robe blanche du premier plan, bras écartés), chez Ingres (Roger et Angélique) chez Poussin (observez la posture de l'homme en tunique jaune à gauche u prmeier plan de l'Enlèvement des Sabines), ou chez les romantiques, sans parler des torses de Michel Ange (le Moïse, les Sybilles du plafond de la Sixtine, etc.)



Chaque fois le corps s'enroule sur lui-même, se retourne totalement. Il ne s'agit pas seulement de regarder par dessus l'épaule, ou de lever le bras, mais de se contorsionner en suggérant un écartèlement entre deux directions opposées. A des degrés divers, ils aident à mieux comprendre la philosophie du mouvement de Dior, comme mouvement complet.
En effet, Dior n'est pas une marque du suggéré, de la discrétion, de la retenue. Le mouvement chez Dior n'est pas le mouvement d'un geste, du clin d'oeil, du sourire léger. Dior est une marque de l'emprise, du saisissement, de l'envoûtement du corps entier. Et met en scène des postures où le moindre muscle est contracté, le corps entier sollicité, des pieds à la tête.
Dans le même temps, on ne trouve pas ici les figures de transe, de transport ou d'extase habituelles de la marque. Cette figure du mouvement, à mi-chemin entre la majesté classique du contra posto et le dynamisme baroque boursouflé (corps transi, bras écartés, bouche grande ouverte, yeux révulsés), est sans doute celle qui convenait le mieux au plus sage des sacs de la maison Dior.
Campagne sac Lady Dior, avec Marin Cotillard, hiver 2008
Erwin Blumemfeld, Model on Eiffel tower
Ingres, Roger délivrant Angélique, Musée du Louvre
David, Les Sabines, Musée du Louvre
Giulio Romano, La Circoncision, Musée du Louvre
Sur la ligne serpentine, voir Hogarth, L'analyse du beau et ici.
Plusieurs mouvements se superposent dans l'image. Il y a d'abord l'arc de cercle formé par la courbe de la lettre "D" qui semble se propager vers la droite comme une onde radio.

Plusieurs torsions affectent le corps de l'égérie, depuis l'inclination et le retournement de la tête, du buste, le déhanchement, le pli du genou et de la cheville. Le corps est traversé par une ligne serpentine verticale, née d'une tension corporelle qui rompt avec les canons de l'équilibre classique. On se doute que le personnage ne tiendra pas longtemps dans cette position inconfortable, peu naturelle, et qu'il lui faudra choisir de s'éloigner ou de se rapprocher de l'armature métallique contre laquelle elle s'appuie.

Ce thème du mouvement contrarié ou du retournement se retrouve en maints tableaux de l'école maniériste (Giulio Romano, la Circoncision, où les colonnes torses accentuent le dynamisme de la jeune femme du premier plan), mais également chez David, Les sabines et le personnage en robe blanche du premier plan, bras écartés), chez Ingres (Roger et Angélique) chez Poussin (observez la posture de l'homme en tunique jaune à gauche u prmeier plan de l'Enlèvement des Sabines), ou chez les romantiques, sans parler des torses de Michel Ange (le Moïse, les Sybilles du plafond de la Sixtine, etc.)



Chaque fois le corps s'enroule sur lui-même, se retourne totalement. Il ne s'agit pas seulement de regarder par dessus l'épaule, ou de lever le bras, mais de se contorsionner en suggérant un écartèlement entre deux directions opposées. A des degrés divers, ils aident à mieux comprendre la philosophie du mouvement de Dior, comme mouvement complet.
En effet, Dior n'est pas une marque du suggéré, de la discrétion, de la retenue. Le mouvement chez Dior n'est pas le mouvement d'un geste, du clin d'oeil, du sourire léger. Dior est une marque de l'emprise, du saisissement, de l'envoûtement du corps entier. Et met en scène des postures où le moindre muscle est contracté, le corps entier sollicité, des pieds à la tête.
Dans le même temps, on ne trouve pas ici les figures de transe, de transport ou d'extase habituelles de la marque. Cette figure du mouvement, à mi-chemin entre la majesté classique du contra posto et le dynamisme baroque boursouflé (corps transi, bras écartés, bouche grande ouverte, yeux révulsés), est sans doute celle qui convenait le mieux au plus sage des sacs de la maison Dior.
Campagne sac Lady Dior, avec Marin Cotillard, hiver 2008
Erwin Blumemfeld, Model on Eiffel tower
Ingres, Roger délivrant Angélique, Musée du Louvre
David, Les Sabines, Musée du Louvre
Giulio Romano, La Circoncision, Musée du Louvre
Sur la ligne serpentine, voir Hogarth, L'analyse du beau et ici.