Wednesday, May 10, 2017
Chanel et l'esthétique des ruines (Post à venir)
J'avais déjà évoqué ici le goût d Chanel pour l'esthétique des ruines et la mise en rapport des créations de la marque avec les monuments légués par l'histoire, abîmés par le temps - comme un contraste saisissant entre la mode éphémère et le goût de l'éternité. On va y revenir.
En attendant, voir la page du site Chanel News
Madonna Van Dongen (Post à venir)
Il y a quelques temps j'avais proposé une lecture de cette affiche de Steven Meisel pour Louis Vuitton, où le photographe joue des effets de lumières et reprend les codes du pop art et du luminisme. A lire ici.

Il apparait clairement que cette Femme au grand Chapeau de l'artiste Van Dongen entre dans le champ visuel de cette campagne - et permet d'en dégager le sens. Je ne connaissais pas ce tableau et je le découvre à l'occasion de l'exposition du Musée Jacquemart André, De Zurbaran à Rothko. Collection Alicia Koplowitz,

Lire ici d'autres papiers sur Louis Vuitton :
http://lartetlesmarques.blogspot.fr/2017/05/lara-stone-au-bois-damour-ophelie-post.html
http://lartetlesmarques.blogspot.fr/2009/10/madonna-le-luminisme-et-le-pop-art.html
http://lartetlesmarques.blogspot.fr/2010/05/dior-vuitton-loptical-art-et-le-decor.html
http://lartetlesmarques.blogspot.fr/2011/04/le-mouvement-de-louis-vuitton.html
http://lartetlesmarques.blogspot.fr/2012/05/la-joconde-de-vuitton.html
http://lartetlesmarques.blogspot.fr/2017/05/le-dinosaure-et-le-sac-main-vanite-xxl.html
http://lartetlesmarques.blogspot.fr/2009/02/vanite-chez-louis-vuitton.html

Il apparait clairement que cette Femme au grand Chapeau de l'artiste Van Dongen entre dans le champ visuel de cette campagne - et permet d'en dégager le sens. Je ne connaissais pas ce tableau et je le découvre à l'occasion de l'exposition du Musée Jacquemart André, De Zurbaran à Rothko. Collection Alicia Koplowitz,

Lire ici d'autres papiers sur Louis Vuitton :
http://lartetlesmarques.blogspot.fr/2017/05/lara-stone-au-bois-damour-ophelie-post.html
http://lartetlesmarques.blogspot.fr/2009/10/madonna-le-luminisme-et-le-pop-art.html
http://lartetlesmarques.blogspot.fr/2010/05/dior-vuitton-loptical-art-et-le-decor.html
http://lartetlesmarques.blogspot.fr/2011/04/le-mouvement-de-louis-vuitton.html
http://lartetlesmarques.blogspot.fr/2012/05/la-joconde-de-vuitton.html
http://lartetlesmarques.blogspot.fr/2017/05/le-dinosaure-et-le-sac-main-vanite-xxl.html
http://lartetlesmarques.blogspot.fr/2009/02/vanite-chez-louis-vuitton.html
Tuesday, May 09, 2017
Hermès dans la forêt magique
Dans cette splendide Campagne Hermès (Hiver 2016), le personnage (Laetitia Catzeflis) s'avance, seule, dans une forêt de bouleaux. Le paysage immaculé, sous l'oeil du photographe Japonais Yoshihiko Ueda, dégage une forte impression de sérénité, de calme et de mystère (que fait-elle ? ou va-t-elle ? que regarde-t-elle ?).
Sur la photo ci-dessous, cette impression d'énigme est encore plus nette, car l'éloignement du photographe (assez étrange dans un univers où l'on est censé valoriser le gros plan et la mise en scène du produit) construit le sentiment que l'on suit le personnage à distance, comme si on l'avait pris en filature, sans bien comprendre son itinéraire, et sans vouloir se faire remarquer.
Les photos évoquent clairement l'oeuvre de Maurice Denis (ci-dessous, Paysage aux arbres verts), mise à l'honneur en ce moment dans l'exposition du Musée d'Orsay sur le paysage mystique et témoignent du goût de la marque pour la spiritualité de la nature.
Ces images reprennent le thème des Correspondances de Baudelaire, où la nature détient le pouvoir de transporter l'âme et les sens de ceux qui apprennent à parler son langage mystérieux ("La Nature est un temple où de vivants piliers / Laissent parfois sortir de confuses paroles / L'homme y passe à travers des forêts de symboles / Qui l'observent avec des regards familiers).
Selon la notice du Musée d'Orsay, dans le tableau de Maurice Denis le paysage d'une forêt de Loctudy sert de cadre à "une cérémonie quasi onirique où une jeune fille se détache d'une procession pour aller à la rencontre d'un angle" situé derrière un muret - il s'agit d'une allégorie de la Vocation dans une forêt magique, qui mobilise le souvenir des contes celtiques, de la légende du Roi Arthur dans la forêt de Brocéliande peuplée de Korrigans, de petits diables et d'enchanteurs. La nature n'est pas muette : elle est peuplée d'esprits pour qui sait les entendre.
Il est tout à fait clair qu'Hermès entretient un rapport très étroit avec la spiritualité : dans la mythologie Hermès est le messager des dieux, qui établit la communication entre la terre et l'au-delà. Les campagnes de parfums de la marque mettent aussi très souvent en scène cette communication avec les sphères supérieures, par le mouvement ascensionnel de feux d'artifices (Eau des merveilles), ou des nuages qui montent au ciel (Terre d'Hermès), etc.
Avec la campagne de la marque "au fond des bois", l'atmosphère mystique est accentuée par certains plans comme celui-ci dessous de la main posée sur l'écorce de l'arbre, où le personnage tente une communion ou un dialogue avec la nature, au plus près du règne végétal...

... et plus encore dans les deux images ci-dessous, où la prise de vue est telle qu'on dirait que le personnage disparait littéralement derrière l'arbre, comme s'il avait trouvé la porte d'accès à un monde parallèle.


La forêt magique ouvre des portes vers l'inconnu et la fréquentation de la marque se fait clairement sous le mode de l’initiation. Un autre jour nous parlerons de l'Ours, figure totémique par excellence des cultures du grand nord, dont on rejoue ici la scène de la poursuite en forêt, sous une forme ludique et poétique, par la grâce d'un carré de Soie.
lire d'autres articles sur Hermès:
http://lartetlesmarques.blogspot.fr/2009/12/allegorie-de-la-noblesse-par-hermes.html
http://lartetlesmarques.blogspot.fr/2009/10/le-portrait-equestre-selon-hermes.html

Sur la photo ci-dessous, cette impression d'énigme est encore plus nette, car l'éloignement du photographe (assez étrange dans un univers où l'on est censé valoriser le gros plan et la mise en scène du produit) construit le sentiment que l'on suit le personnage à distance, comme si on l'avait pris en filature, sans bien comprendre son itinéraire, et sans vouloir se faire remarquer.
Les photos évoquent clairement l'oeuvre de Maurice Denis (ci-dessous, Paysage aux arbres verts), mise à l'honneur en ce moment dans l'exposition du Musée d'Orsay sur le paysage mystique et témoignent du goût de la marque pour la spiritualité de la nature.

Ces images reprennent le thème des Correspondances de Baudelaire, où la nature détient le pouvoir de transporter l'âme et les sens de ceux qui apprennent à parler son langage mystérieux ("La Nature est un temple où de vivants piliers / Laissent parfois sortir de confuses paroles / L'homme y passe à travers des forêts de symboles / Qui l'observent avec des regards familiers).
Selon la notice du Musée d'Orsay, dans le tableau de Maurice Denis le paysage d'une forêt de Loctudy sert de cadre à "une cérémonie quasi onirique où une jeune fille se détache d'une procession pour aller à la rencontre d'un angle" situé derrière un muret - il s'agit d'une allégorie de la Vocation dans une forêt magique, qui mobilise le souvenir des contes celtiques, de la légende du Roi Arthur dans la forêt de Brocéliande peuplée de Korrigans, de petits diables et d'enchanteurs. La nature n'est pas muette : elle est peuplée d'esprits pour qui sait les entendre.
Il est tout à fait clair qu'Hermès entretient un rapport très étroit avec la spiritualité : dans la mythologie Hermès est le messager des dieux, qui établit la communication entre la terre et l'au-delà. Les campagnes de parfums de la marque mettent aussi très souvent en scène cette communication avec les sphères supérieures, par le mouvement ascensionnel de feux d'artifices (Eau des merveilles), ou des nuages qui montent au ciel (Terre d'Hermès), etc.
Avec la campagne de la marque "au fond des bois", l'atmosphère mystique est accentuée par certains plans comme celui-ci dessous de la main posée sur l'écorce de l'arbre, où le personnage tente une communion ou un dialogue avec la nature, au plus près du règne végétal...

... et plus encore dans les deux images ci-dessous, où la prise de vue est telle qu'on dirait que le personnage disparait littéralement derrière l'arbre, comme s'il avait trouvé la porte d'accès à un monde parallèle.


La forêt magique ouvre des portes vers l'inconnu et la fréquentation de la marque se fait clairement sous le mode de l’initiation. Un autre jour nous parlerons de l'Ours, figure totémique par excellence des cultures du grand nord, dont on rejoue ici la scène de la poursuite en forêt, sous une forme ludique et poétique, par la grâce d'un carré de Soie.
lire d'autres articles sur Hermès:
http://lartetlesmarques.blogspot.fr/2009/12/allegorie-de-la-noblesse-par-hermes.html
Lara Stone au bois d'amour (Ophélie) - Post à venir
Sur cette belle affiche de Steven Meisel pour Louis Vuitton, plusieurs thèmes se croisent. Lara Stone est couchée dans les herbes, entourée de colombes, et se fond presque dans le paysage de couleurs vert, bruns, kaki.

La scène évoque, par ses couleurs et par son cadre, le tableau célèbre Ophélia, de John Everrett Millais, fondateur du mouvement pré-raphaelite en angleterre au 19ème siècle.
Par sa pose alanguie et la position des bras, la nuque en arrière, la scène évoque aussi cet autre tableau, sur le même thème d'Ophélie.
Elle évoque enfin aussi le beau tableau d'Emile Bernard, Madeleine au Bois d'Amour, que l'on peut voir actuellement au Musée d'Orsay dans l'exposition sur le Paysage mystique. La présence des colombes renforce à mon avis la tonalité mystérieuse de la scène, qui est une forme de communion avec la nature, au plus profond de la forêt, là où la magie opère.
A noter que Steven Meisel est visiblement intéressé par l'atmosphère préraphaélite puisque dans un numéro de Vogue (décembre 2011), il avait déjà repris, pour un autre cliché, cette même filiation, soulignée ici par le blog Part Nouveau.
Lire ici d'autres papiers sur Louis Vuitton :
http://lartetlesmarques.blogspot.fr/2009/02/vanite-chez-louis-vuitton.html
http://lartetlesmarques.blogspot.fr/2017/05/madonna-van-dongen-post-venir.html
http://lartetlesmarques.blogspot.fr/2009/10/madonna-le-luminisme-et-le-pop-art.html
http://lartetlesmarques.blogspot.fr/2010/05/dior-vuitton-loptical-art-et-le-decor.html
http://lartetlesmarques.blogspot.fr/2011/04/le-mouvement-de-louis-vuitton.html
http://lartetlesmarques.blogspot.fr/2012/05/la-joconde-de-vuitton.html
http://lartetlesmarques.blogspot.fr/2017/05/le-dinosaure-et-le-sac-main-vanite-xxl.html

La scène évoque, par ses couleurs et par son cadre, le tableau célèbre Ophélia, de John Everrett Millais, fondateur du mouvement pré-raphaelite en angleterre au 19ème siècle.
Par sa pose alanguie et la position des bras, la nuque en arrière, la scène évoque aussi cet autre tableau, sur le même thème d'Ophélie.
Elle évoque enfin aussi le beau tableau d'Emile Bernard, Madeleine au Bois d'Amour, que l'on peut voir actuellement au Musée d'Orsay dans l'exposition sur le Paysage mystique. La présence des colombes renforce à mon avis la tonalité mystérieuse de la scène, qui est une forme de communion avec la nature, au plus profond de la forêt, là où la magie opère.
A noter que Steven Meisel est visiblement intéressé par l'atmosphère préraphaélite puisque dans un numéro de Vogue (décembre 2011), il avait déjà repris, pour un autre cliché, cette même filiation, soulignée ici par le blog Part Nouveau.
Lire ici d'autres papiers sur Louis Vuitton :
http://lartetlesmarques.blogspot.fr/2009/02/vanite-chez-louis-vuitton.html
http://lartetlesmarques.blogspot.fr/2017/05/madonna-van-dongen-post-venir.html
http://lartetlesmarques.blogspot.fr/2009/10/madonna-le-luminisme-et-le-pop-art.html
http://lartetlesmarques.blogspot.fr/2010/05/dior-vuitton-loptical-art-et-le-decor.html
http://lartetlesmarques.blogspot.fr/2011/04/le-mouvement-de-louis-vuitton.html
http://lartetlesmarques.blogspot.fr/2012/05/la-joconde-de-vuitton.html
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Motif camouflage chez Dior
La boutique Dior de l'avenue Montaigne présente ici un arrière-plan coloré aux formes indistinctes, noires, rouges et bleues, qui estompent les contours des objets qui y sont exposés.



L'ambiance évoque d'emblée le style camouflage militaire, dont on aurait modifié les teintes.
La vitrine est aussi un clin d'oeil relativement évident au peintre Miro, célèbre pour ses formes libres et enfantines, d'allure spontanée, qui expriment la fantaisie, l'audace et comme l'artiste le disait lui-même, "le mouvement immobile" (ci-dessous Joan Miro, La ferme (1921-1922), National Gallery, Washington.)

Il me semble aussi que la vitrine est un exemple d'une tendance à l'effacement de la figure humaine dans la publicité. Chez Dior les mannequins ne se détachent quasiment plus sur le fond de camouflage, ils se fondent littéralement dans l'espace. Seuls les objets surnagent encore, par le contraste des formes et des couleurs, mais la figure humaine, corps et visage, tend à disparaitre et s'effacer. Dans d'autres marques, notamment dans la mode, on trouve aussi des exemples de visages coupés par le cadrage, de visages cachés par des cheveux ou de personnages qui ressemblent à des robots ou des statuts de cire. Le critique Jean Clair a parlé de l'effacement du visage humain dans la peinture des avant-garde du 20ème siècle et dans l'abstraction comme d'un signe annonciateur des totalitarismes du milieu du siècle dernier. Voir son magnifique recueil Autoportrait au visage absent, chez Gallimard. La posture anti-humaniste de l'art aurait été le signe avant-coureur de la barbarie. Sans aller jusque dans cette interprétation extrême, l'effacement du corps et de la figure humaine dans la vitrine Dior (qui plus est avenue Montaigne, père de l'humanisme français), n'est quand même pas très bon signe…
L'ambiance évoque d'emblée le style camouflage militaire, dont on aurait modifié les teintes.
La vitrine est aussi un clin d'oeil relativement évident au peintre Miro, célèbre pour ses formes libres et enfantines, d'allure spontanée, qui expriment la fantaisie, l'audace et comme l'artiste le disait lui-même, "le mouvement immobile" (ci-dessous Joan Miro, La ferme (1921-1922), National Gallery, Washington.)

Il me semble aussi que la vitrine est un exemple d'une tendance à l'effacement de la figure humaine dans la publicité. Chez Dior les mannequins ne se détachent quasiment plus sur le fond de camouflage, ils se fondent littéralement dans l'espace. Seuls les objets surnagent encore, par le contraste des formes et des couleurs, mais la figure humaine, corps et visage, tend à disparaitre et s'effacer. Dans d'autres marques, notamment dans la mode, on trouve aussi des exemples de visages coupés par le cadrage, de visages cachés par des cheveux ou de personnages qui ressemblent à des robots ou des statuts de cire. Le critique Jean Clair a parlé de l'effacement du visage humain dans la peinture des avant-garde du 20ème siècle et dans l'abstraction comme d'un signe annonciateur des totalitarismes du milieu du siècle dernier. Voir son magnifique recueil Autoportrait au visage absent, chez Gallimard. La posture anti-humaniste de l'art aurait été le signe avant-coureur de la barbarie. Sans aller jusque dans cette interprétation extrême, l'effacement du corps et de la figure humaine dans la vitrine Dior (qui plus est avenue Montaigne, père de l'humanisme français), n'est quand même pas très bon signe…
Le Dinosaure et le sac à Main : Vanité XXL chez Vuitton
Voici des photos un peu anciennes (juin 2013) de la boutique Louis Vuitton des Champs Élysées, dont l'installation "Muséum d'Histoire naturelle" avait fait grand bruit à l'époque.

Inspirées des galeries de Paléontologie du Muséum, les vitrines mettent en scène de grands pachydermes préhistoriques au milieu des sacs et des produits de la maison. Un brachiosaure tient un sac dans sa gueule, un stégosaure joue avec des souliers, un mannequin chevauche un vélociraptor pour aller faire des courses. Vous trouverez de meilleures prises de vues ici et là.
Cette mise en scène reste à ce jour (à mon avis) la plus belle et la plus poétique des vitrines de cette boutique. Elle met en image plusieurs thèmes importants pour le message de la marque, et pour l'univers du luxe en général :
Les publicités de luxe mettent souvent en scène des animaux, pour leurs qualités d'évocations multiples : la solidité, la fidélité, la proximité, etc... Dans ce remake des fables de la Fontaine par Louis Vuitton, le dinosaure est évidemment super robuste, super exotique et précieux (encore plus fort que les plumes de perroquet, de paon et d'oiseaux divers si souvent présent chez Gucci ou Prada)), il connote la force sauvage, non domestiquée (encore plus fort que la panthère ou le tigre chez Cartier) et la plus incroyable création de la nature et de la vie, avec laquelle l'objet de luxe tente toujours secrètement de rivaliser. Il a le mérite enfin de conjurer les violences faites aux animaux, crocodiles, moutons, veaux et vaches dont on récupère le cuir et la peau pour en faire des sacs et des chaussures : avec le Dinosaure pas de risque de se faire accuser d'avoir tué pour son bon plaisir.
Surtout, le squelette de dinosaure reprend naturellement à son compte, pour l'amplifier, le thème archi classique de la vanité, sous souvent présent dans les publicités pour des marques de luxe. La représentation de miroirs, de bougies, de natures mortes et plus rarement de crânes humains, rappelle l'inéluctabilité du temps qui passe : Memento Mori, souviens-toi que tu vas mourir, souviens-toi que la beauté est éphémère, ne t'attache pas trop aux choses matérielles car tout passe et rien ne dure.Voir ci-dessous la Vanité de Philippe de Champaigne :

Ce message traditionnel permet de conjurer la fascination pour "tout ce qui brille" et d'éviter l'écueil de superficialité en ajoutant un message à connotation culturelle ou spirituelle. Il est ici porté à l'extrême, comme si une grande marque de luxe se devait aussi d'avoir une image de vanité à sa mesure. Le petit crâne humain si souvent représenté dans les peintures de l'âge classique ne suffit plus, on le remplace par un pachyderme entier, une créature immense qui occupe toute la scène, disparue depuis des millions d'années, pour porter la vanité au carré, et transposer le Memento Mori de l'échelle humaine à l'échelle cosmique.
Une autre vanité chez Louis Vuitton, voir ici
Lire ici d'autres papiers sur Louis Vuitton :
http://lartetlesmarques.blogspot.fr/2017/05/lara-stone-au-bois-damour-ophelie-post.html
http://lartetlesmarques.blogspot.fr/2009/10/madonna-le-luminisme-et-le-pop-art.html
http://lartetlesmarques.blogspot.fr/2010/05/dior-vuitton-loptical-art-et-le-decor.html
http://lartetlesmarques.blogspot.fr/2011/04/le-mouvement-de-louis-vuitton.html
http://lartetlesmarques.blogspot.fr/2012/05/la-joconde-de-vuitton.html
http://lartetlesmarques.blogspot.fr/2009/02/vanite-chez-louis-vuitton.html

Inspirées des galeries de Paléontologie du Muséum, les vitrines mettent en scène de grands pachydermes préhistoriques au milieu des sacs et des produits de la maison. Un brachiosaure tient un sac dans sa gueule, un stégosaure joue avec des souliers, un mannequin chevauche un vélociraptor pour aller faire des courses. Vous trouverez de meilleures prises de vues ici et là.
Cette mise en scène reste à ce jour (à mon avis) la plus belle et la plus poétique des vitrines de cette boutique. Elle met en image plusieurs thèmes importants pour le message de la marque, et pour l'univers du luxe en général :
- Sur le rapport entre le primitif et le civilisé
- Sur le rapport à l'animal.
- Sur le thème classique de la vanité
Les publicités de luxe mettent souvent en scène des animaux, pour leurs qualités d'évocations multiples : la solidité, la fidélité, la proximité, etc... Dans ce remake des fables de la Fontaine par Louis Vuitton, le dinosaure est évidemment super robuste, super exotique et précieux (encore plus fort que les plumes de perroquet, de paon et d'oiseaux divers si souvent présent chez Gucci ou Prada)), il connote la force sauvage, non domestiquée (encore plus fort que la panthère ou le tigre chez Cartier) et la plus incroyable création de la nature et de la vie, avec laquelle l'objet de luxe tente toujours secrètement de rivaliser. Il a le mérite enfin de conjurer les violences faites aux animaux, crocodiles, moutons, veaux et vaches dont on récupère le cuir et la peau pour en faire des sacs et des chaussures : avec le Dinosaure pas de risque de se faire accuser d'avoir tué pour son bon plaisir.
Surtout, le squelette de dinosaure reprend naturellement à son compte, pour l'amplifier, le thème archi classique de la vanité, sous souvent présent dans les publicités pour des marques de luxe. La représentation de miroirs, de bougies, de natures mortes et plus rarement de crânes humains, rappelle l'inéluctabilité du temps qui passe : Memento Mori, souviens-toi que tu vas mourir, souviens-toi que la beauté est éphémère, ne t'attache pas trop aux choses matérielles car tout passe et rien ne dure.Voir ci-dessous la Vanité de Philippe de Champaigne :

Ce message traditionnel permet de conjurer la fascination pour "tout ce qui brille" et d'éviter l'écueil de superficialité en ajoutant un message à connotation culturelle ou spirituelle. Il est ici porté à l'extrême, comme si une grande marque de luxe se devait aussi d'avoir une image de vanité à sa mesure. Le petit crâne humain si souvent représenté dans les peintures de l'âge classique ne suffit plus, on le remplace par un pachyderme entier, une créature immense qui occupe toute la scène, disparue depuis des millions d'années, pour porter la vanité au carré, et transposer le Memento Mori de l'échelle humaine à l'échelle cosmique.
Une autre vanité chez Louis Vuitton, voir ici
Lire ici d'autres papiers sur Louis Vuitton :
http://lartetlesmarques.blogspot.fr/2017/05/lara-stone-au-bois-damour-ophelie-post.html
http://lartetlesmarques.blogspot.fr/2009/10/madonna-le-luminisme-et-le-pop-art.html
http://lartetlesmarques.blogspot.fr/2010/05/dior-vuitton-loptical-art-et-le-decor.html
http://lartetlesmarques.blogspot.fr/2011/04/le-mouvement-de-louis-vuitton.html
http://lartetlesmarques.blogspot.fr/2012/05/la-joconde-de-vuitton.html
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