Tuesday, May 09, 2017

Motif camouflage chez Dior

La boutique Dior de l'avenue Montaigne présente ici un arrière-plan coloré aux formes indistinctes, noires, rouges et bleues, qui estompent les contours des objets qui y sont exposés.







L'ambiance évoque d'emblée le style camouflage militaire, dont on aurait modifié les teintes.




















La vitrine est aussi un clin d'oeil relativement évident au peintre Miro, célèbre pour ses formes libres et enfantines, d'allure spontanée, qui expriment la fantaisie, l'audace et comme l'artiste le disait lui-même, "le mouvement immobile" (ci-dessous Joan Miro, La ferme (1921-1922), National Gallery, Washington.)















Il me semble aussi que la vitrine est un exemple d'une tendance à l'effacement de la figure humaine dans la publicité. Chez Dior les mannequins ne se détachent quasiment plus sur le fond de camouflage, ils se fondent littéralement dans l'espace. Seuls les objets surnagent encore, par le contraste des formes et des couleurs, mais la figure humaine, corps et visage, tend à disparaitre et s'effacer. Dans d'autres marques, notamment dans la mode, on trouve aussi des exemples de visages coupés par le cadrage, de visages cachés par des cheveux ou de personnages qui ressemblent à des robots ou des statuts de cire. Le critique Jean Clair a parlé de l'effacement du visage humain dans la peinture des avant-garde du 20ème siècle et dans l'abstraction comme d'un signe annonciateur des totalitarismes du milieu du siècle dernier. Voir son magnifique recueil Autoportrait au visage absent, chez Gallimard. La posture anti-humaniste de l'art aurait été le signe avant-coureur de la barbarie. Sans aller jusque dans cette interprétation extrême, l'effacement du corps et de la figure humaine dans la vitrine Dior (qui plus est avenue Montaigne, père de l'humanisme français), n'est quand même pas très bon signe…

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